Des chantiers...
Depuis la fin de la pandémie du mois dernier, partout les gens ont entrepris de remettre debout leurs villes. La Républik de Kraland, malgré une actualité politique mouvementée, ne fait pas exception à la règle, même si les apparences pourraient laisser dire le contraire.
En effet, par rapport aux grandes et monotones cités palladionautes d’actionnaires gavés, sur notre territoire, le Gouvernement a un minimum de contrôle afin d’éviter les abus gênants et les transgressions de POS.
Résultat ? Les pelouses de nos villes ne sont pas saturées par le bitume et les citoyens apprécient l’harmonie de l’organisation urbaine. Bien entendu, ça n’est pas parfait partout, ces re-débuts s’avèrent souvent difficiles du côté de l’administration pour faire respecter l’ordre publik et graffitik.
Quoi qu’il en soit, les commerces kralandais ont réouvert et déjà offrent à la population un choix de produits comparables aux autres nations, pourtant beaucoup plus portées sur le marché que nous. Évidemment les boutiques ne tournent pas du feu de Nabla car l’heure est au travail de chantier mais jusque dans les petites villes il est possible de se fournir en tissu, en nounours en peluche ou en tartes à la crème.
Iocif Eristoff, vaillant maçon kamarakois de 67 ans, alcoolique névrosé, il souffre d’arthrose et de bolopolisme, affiche quatre jolies dents et témoigne pour le RedStar Weekly : « Non, ‘ffectiv’ment, s’pas pareil qu’après la grande côlére d’l’aut’Naar là. ‘C’t’époque y’avait fallu tout r’construiiire ! Y’avait p’us rien d’bout. Et pi, les commerces là, z’étaient pas arrivés si vite ! Oouh non ! Tsé qu’on avait dû attendre, même pour le Temple du Nabla, là. Les bâtisses, on s’y mettait à tout l’bidonville pour les foutre bien, voui ! Ca prenait du temps, dis. Mais après, t’avais beau taper, c’té solide, hein, pas d’la taule de mer**, là. Non, et pi, tsé qu’on avait crevé d’faim comme des mirons pendant bien quelq’temps, dis, et qu’on dormait dehors ! Non, là , c’t’une sacrée pousse de murs, là. Y’a pas à dire : les gens, i’z’on dû s’réveiller un coup, là. Pas vrai Ichkaïa ? Non mais là y’a un système, ça va plus vite qu’avant, y’a pas à dire. Seulement, là, maint’nant, on vous pond une boutique, comme çâ, mais… non d’gu… y’a rien d’dans ! Des bwâtes à chaussons, voui ! P’rfait’ment !».
Aujourd’hui Iocif est en rééducation pour des causes indéterminées. (NDLR : Veuillez vous montrer indulgent en ce qui concerne la retranscription de l’accent tovare.)
Effectivement, nous ne pouvons qu’applaudir une assez forte croissance par rapport à la dernière crise. Il ne faut pas oublier que de nombreux cadavres en décomposition ont dû être dégagés et placés dans des fosses communes ou des cultures krapatchikes. Les morts de cette catastrophe et les dégâts engendrés par les conflits absurdes durant la période de quarantaine ont constitué un obstacle non négligeable au redémarrage d’une vie normale. Iocif n’en parle pas. Peut-être la police ne lui aura-t-elle pas laissé le temps ?
Les infrastructures à présent installées, il reste néanmoins à les aménager de manière plus définitive. Nos ingénieurs agréés prévoient des changements jusqu’au plan même des constructions. Intérieurs, extérieurs, agrandissements, modernisation, remplacements… Un travail qui s’annonce long et qui aura ses répercussions dans les Plans de Production pour encore de nombreuses semaines. Alors que les premiers kolkhozes provinciaux se lancent dans la kollectivisation active, que la recherche prend de la vitesse et qu’Ikrare de Krader essaient en vain de voler, les bâtiments dans lesquels nous travaillons et vivons tous les jours restent fragiles ou inadaptés.
Qui a dit challenge national ? Nul doute que la Républik excelle dans ce genre de discipline et qu’une fois de plus Kraland vaincra.