La valeur d'un franc kra
Tout d'abord, intéressons-nous à l'Histoire Kralandaise. Jusqu'en 1990, nombreux régimes politiques voués à la perte intégrale se sont succédés, au grand dam d'un peuple las. Ces systèmes étaient-ils différents des autres de ce Cybermonde ? Non. L'argent avait une valeur aussi importante pour les rois et dictateurs kralandais (beurk) que pour les khans nordiques. Les Élus, dans leur toute puissante turgescence idéologique et leur aura populaire, firent la Révolution et instaurèrent le Socialo-Graffitisme à Kraland dans ce contexte économique si je puis dire : celui d'un Cybermonde gouverné par l'argent où seul l'espoir naissait enfin sur l'île légendaire. Ceci explique pourquoi, dans un souci premier de faisabilité, les Élus auraient décidé de conserver la monnaie afin de mettre à la disposition des arriérés étrangers une unité de comparaison entre la Républik, gagnante par défaut de toute façon, et eux-mêmes.
Mais il se trouve que la tradition pécunière n'est pas le propre du banano-capitalisme ou de la petite-bourgeoisie.
En effet, doit-on, nous, prolétaires libérés, vouer à la monnaie une telle considération haineuse qu'elle en devienne tabou ? Car si l'on en arrive là, par exemple à crier au scandale dès que l'on voit à la fois plus de 150FK ou des salaires à 60FK, c'est que l'on porte une trop grande considération pour ladite mesure de valeur. Or, c'est ce que nous voulons éviter.
Il y a toujours eu des kramarades comme jadis Sargnagel pour défendre à fond ce point de vue, peut-être un peu trop car intéressés eux aussi par le gain. Tout est donc une question de limite. Or, la limite doit-elle demeurer prise en compte dans l'absolu ? Il y aurait là danger car le monde évolue, entraîné par l'inflation due à la hausse du cours de l'or. Si la Républik, si forte soit-elle, en suit pas le mouvement, il se peut qu'elle perde du terrain. La politique actuelle de Syndrôme au Ministère de l'Économie nous montre que la solution idéologique réside en l'occurrence dans la circulation de masses d'argent plus importantes qu'avant, du peuple vers le Gouvernement (kollectivisation) et du gouvernement vers le peuple (redistribution). Et plus l'inflation est suivie, plus on kollectivise gros, plus on redistribue gros, et moins l'argent n'a d'importance à nos yeux.
C'est vrai ! Prenons l'exemple d'un honnête kramarade qui a économisé pour quelque chose qui le regarde et qui se fait voler 500FK alors que les salaires moyens s'élèvent à 30FK. Il lui a fallu plus de quinze séances de travail pour réunir cette somme, et c'est le fruit côté citoyen de quinze séances de travail à Kraland qui partent dans les mains d'un voleur. Maintenant, si ce même personnage se fait voler 500FK en gagnant 45FK à chaque fois qu'il va trimer à la mine, cela représente à peine plus d'une dizaine de séances. C'est déjà beaucoup moins grave. Mais même si l'exemple n'est pas frappant, il faut prendre conscience que plus il y a d'argent qui circule, moins une perte est significative.
Ensuite, gardons à l'esprit que l'important reste l'utilisation de l'argent, car ce dernier n'est pas une mauvaise chose en lui-même, mais c'est bien l'utilisation que les hommes en font qui est à juger. Alors usons-en correctement, dans un but noble : la victoire de Kraland enrobée de Socialo-Graffitisme onctueux et qui sent bon le travail, la kramaraderie et la foi d'un peuple pour ses Élus.
Après, revient la question de la limite : jusqu'à quel point peut-on tolérer l'enrichissement d'un kramarade, même s'il participe à l'expansion du Bonheur Universel©. Car après tout, cela représente toujours l'équivalent en moins parmis tous les autres Kralandais. En gros, le problème, ce sont les abus, les dérives à tendance traître envers la Nation.
La confiance et son respect jouent des rôles importants pour le maintien d'une structure idéologiquement cohérente, construite dans cet esprit.
Retenons que le franc kra est une mesure de valeur, un simple outil de formalisation de l'abstrait et du subjectif, permettant la cohésion économique au sein d'un quelconque système. En ce qui concerne le Socialo-Graffitisme, laissons le Gouvernement penser la valeur des choses pour nous, penser les taux d'imposition, le niveau des salaires et les sommes redistribuées.
Il faut arrêter de prendre l'argent pour la seule concrétisation des moyens d'actions, car face à la volonté d'un peuple tout entier, l'argent et tout ce que l'on pourrait bien acheter avec ne peuvent rien.