Les aventures de Pollux et Alexandrovitch
Le jour se lève sur le Quartier du Bonheur. Dans la bibliothèque, une bougie éclaire une étude de sa faible lumière. Pollux, caché derrière une pile de vieux grimoires, contemple studieusement une enluminure poussiéreuse.
Pollux : - C’est vraiment incroyable, je n’arriverai jamais à mettre la main sur une page d’Histoire Kralandaise traitant de cette légende… à moins que…
Un rayon de soleil passe à travers le volet de la chambre d’hôpital et vient se fondre dans l’œil quasi-fermé d’Alexandrovitch. Il se retourne plusieurs fois, comme pour trouver une position confortable, et se met à gémir.
Alexandrovitch : - Rolalaaa, la casquette plombée que j’me paye… j’arrête la zub, promis.
Une infirmière : - Ah ! Monsieur Alexandrovitch ! Vous vous réveillez enfin ! Vous rendez-vous compte ? Vous étiez dans les vapes depuis 5 heurs du matin.
Il ouvre l’autre œil, et se met à sourire. Pas le sourire de satisfaction qu’il a quand il assomme un Elmérien, non, un sourire lubrique, à la limite de l’acceptable dans cette pièce de théâtre… bref. Sous son nez, il pouvait voir le popotin de l’infirmière qui s’était penchée pour ramasser son crayon.
Mais alors qu’il allait entamer la conversation avec la belle, Pollux fit irruption dans la pièce en ouvrant la porte d’un violent coup de talon… d’ailleurs la pauvre infirmière qui se relevait à ce moment-là, se prit la porte en plein dans le nez…
P : - Ah t’es réveillé ? Suis-moi !
A : - Mais t’es cinglé ou quoi ? T’aurais pu la tuer, pauvre enfant…
P : - Hein ? Ne me dis pas que tu as des regrets pour hier soir !!!
A : - Mais je…
P : - Ah non ! Tu me fais pas le coup du « viens Pollux, on va la repêcher », ça nous a pris bien assez de temps à la foutre à l’eau.
A : - Je parlais pas de ça…
P : - Taratata !!! Allez, enfile tes habits, on a du pain sur la planche.
Pollux manque de trébucher sur l’infirmière, couchée au sol, le nez en sang
P : - Eh ben tu lui as fait quoi ? La brouette d’Honolulu ? Le tourniquet Moldave ? Sacré Alex, va !!! Il faudrait que tu apprennes à mieux te comporter avec les femmes…
Les deux compères marchent maintenant dans le Quartier du Bonheur, en devisant sur des sujets aussi divers que variés, tels que la culture du fenouil en Tovaritchie septentrionale, ou encore les résultats de la dernière journée du championnat de football. Alexandrovitch, qui ne sait toujours pas très bien où Pollux veut à tout prix l’emmener, suspend la conversation en cours pour poser la question à son ami.
A : - On va où ? C’est quand qu’on arrive ?
P : – Tu te rappelles pourquoi t’es allé à l’hôpital ce matin ?
A : – Ben… euh… un coma éthylique, non ? Comme d’hab ?
P : – Pffff… eh ben c’est pas gagné avec un loustic comme toi. Le tableau ! Le bateau ! Moon !!! Ça ne te rappelle rien ?
A : – Ah ouaiiiis !!! Je me rappelle maintenant. Alors ? T’as trouvé une signification à toute cette mascarade ?
P : – Eh ben tu m’crois tu m’crois pas, j’ai potassé tous les grimoires de l’université ce matin, et j’ai absolument rien trouvé. Si ça continue, je vais finir par me demander si la zubrowkra de l’auberge ne nous a pas donné des hallucinations.
A : – Pour en avoir le cœur net, je propose que nous retournions jeter un œil à l’auberge.
P : – Oui nous allons y retourner, mais avant tout, j’aimerais passer à la bibliothèque Redstarlinienne du Quartier sur les Eaux.
A : – Ah mais moi j’dis ça j’dis rien… c’est juste qu’on n’est pas loin…
P : – Dis, tu veux une claque pour avoir eu l’outrecuidance d’émettre cette excellente idée à ma place ?
A : – Euh…
P : – Allez hop ! On y va !
L’auberge est déjà remplie de monde, les habituels piliers de comptoir sont affalés sur le zinc et chantent à tue-tête les paroles d’un conte pour enfants. Cyan Garamonde se tient debout sur une table, et frappe la mesure, alors que Badane de sa voix de stentor, essaye tant bien que mal de diriger la cacophonie :
Badane : – Et on entend dans le lointain
s’enfiler les Elmériens
et on entend dans le lointain
s’masturber les petits Bruns !!!
Alexandrovitch : – Ouah !!! Trop bien l’ambiance !!!
Pollux : – Arrête de faire le zouave, on n’est pas là pour ça. Je te rappelle qu’on a une enquête à résoudre.
A : – Ah oui, c’est vrai. Patron !!! Deux zubrowkra !!!
P : – Hein ? Mais t’es sourdingue ou quoi ? Je lui dis qu’on n’a pas qu’ça à faire, et lui il commande à boire !!! Non mais tu m’écoutes des fois ?
A : – Ben je croyais qu’on venait vérifier la qualité de la boisson, moi ! On se torche le crâne jusqu’à plus soif, et une fois qu’on est bien rôti, on regarde si on a des hallucinations. C’était pas ça le plan ?
P : (se tapant le front avec sa main) – Alex, t’es vraiment le roi des ânes !!! Quelque part, ça me rassure, je croyais que tu avais eu une idée lumineuse tout à l’heure, mais en fait, il n’en est rien…
A : – Roooo… ben on s’est mal compris alors…
Pollux se dirige vers la table d’hier soir, au dessus de laquelle se trouvait le tableau. Mais stupéfaction, il n’y est plus. Il regarde en dessous de la table, mais il ne voit rien qui ressemble à la fresque.
P : – Il se passe des choses de plus en plus étranges dans ce bled. Quelqu’un essaye de nous jouer un vilain tour. Alex ? Tu m’écoutes ?
Pollux se retourne et aperçoit son kramarade debout sur le bar, une bouteille à la main.
A : (brayant comme un putois) – En revenant de pouuuufeuuuuu !!!
Les pochetrons : – En revenant de pouuuufeuuuuu !!!
A : – De Pouf à Réunion, la digue la digueuuuuu !!!
Les pochetrons : – De Pouf à Réunion, la digue du…
La suite, vous la connaissez aussi bien que moi. Pollux, qui ne peut résister à une bonne zub, décide que finalement, son ami a bien raison de s’amuser au lieu de penser à cette histoire de tableau.
Toutefois, il se dit que dès le lendemain, il ira à la bibliothèque Redstarlinienne du Quartier sur les Eaux. Car c’est là-bas que sont rassemblés les plus vieux ouvrages relatant l’Histoire de la Républike. Il y trouvera ce qu’il cherche, il le sait, car personne n’est plus entêté que lui.
La suite au prochain numéro…
22 juillet 2005, 00:44:22
Les aventures de Pollux et Alexandrovitch
Kéraunos Al'Rèndèl